Laniakea : Un hommage ... pour les 20 ans d'Urumuri
Au coeur de l’histoire de urumuri, il y avait le galetas, né du rêve de Gilbert Bigirindavyi. C’était un lieu où des personnes qui avaient tout perdu, d’autres qui n’avaient rien, d’autres encore perdus dans leur vie, ou d’autres en quête d’ailleurs, migrants ou Suisse trouvaient, se retrouvaient, exprimaient leurs manques en partageant leurs arts, se reconnaissaient, sortaient de la solitude et trouvaient une place unique au milieu des autres, une bulle où être en sécurité, sans aucun jugement, partager de la chaleur humaine, rire, et repartir fortifié-es en sachant que ça va aller.
En réalité, le Galetas n’est pas un lieu. C’est la matrice dans laquelle est née l’univers urumuri. C’est elle qui le nourrit et l’éclaire. Urumuri déploie des projets pour permettre au Galetas de rayonner. La mission de la constellation urumuri est de ne pas perdre de vue cette matrice qui l’a fait naître pour ne pas décliner comme étoile morte mais transmettre sa lumière.
Avec la fin du « Galetas », c’est comme si les douleurs revenaient plus fortes, comme si la mémoire ne gardait que les pertes subies au fil des ans, comme si le mal de vivre, la nostalgie… en bref la Sehnsucht figeait le devenir d’urumuri, tout en le précipitant dans un faire qui avait perdu son coeur. Jamais urumuri n’a eu autant de projets dans tous les sens. Jamais urumuri n’a eu une telle visibilité. Et jamais le coeur d’urumuri n’a aussi peu battu.
Le clou de girofle, évoque les tortures mais calme les douleurs.
Cette épice représente l’ensemble des difficultés par lesquelles Urumuri s’est fait progressivement une identité et une histoire qui lui sont propres.
Représentée par le gingembre, La Sehnsucht est cette douleur, nostalgie, mélancolie qui est tendue entre un passé qui n’est plus et futur idéalisé dont l’idée même ne peut que décevoir. Sehnsucht vient de Sehne, le tendon. La Sehnsucht est une inflammation irrépressible de l’âme
La Sehnsucht fige, cloue sur place, isole et peut conduire au suicide.
L’une des forces d’urumuri est d’avoir écouté les récits de vie et d’avoir raconté de nombreuses histoires sous les formes culturelles les plus variées.
Mais le passé récent d’urumuri, la fermeture du galetas est passée sous silence et tue.
« Anis magique, anis magique
Fais que mes songes soient doux
Éloigne les cauchemars et les rêves tragiques
Que je puisse passer de longs séjours doux
Au royaume des songes et des rêves magiques. »
Le passage à l’expression permet de se découvrir par les tiers, de se reconnaître, de sortir de la solitude, de cultiver la confiance.
La re-co-naissance permet d’accéder à ce rire d’enfant après 3 ans, en même temps que se perd la mémoire des premières années. Ce rire spontané, éclaboussé de soleil et rempli d’une joie imprenable.
L’espérance, au contraire du travail de Sysiphe, c’est ne jamais oublier, ni individuellement, ni collectivement, ni sur le plan intellectuel ni sur le plan émotionnel, ni sur le plan du corps que quand les épreuves reviennent, on ne retourne pas à forcément à la case départ.
Et pour ne pas oublier, il est nécessaire de cultiver le chérissement des blessures passées, et des compétences qui ont été développées pour « cicatriser »
Les blessures doivent non seulement être rendues « visibles » mais « renchéries » pour permettre une nouvelle vie.
